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Début 2025, nous avons été saisis d’une demande de Pierre Stépanoff, nouveau directeur du musée de Picardie à Amiens et venu du musée Fabre à Montpellier, pour un modello d’une Assomption de la Vierge, par Joseph-Marie Vien, un projet qui apparemment qui n’est pas allé plus loin. Le musée de Picardie s’est fait une spécialité des modelli et en a de nombreux artistes de l’époque : Rigaud, Parrocel, Boucher, Deshays, Subleyras, JB van Loo, FA Vincent, JJ Lagrenée, etc. Si le modello n'est pas signé, le musée de Rouen conserve un dessin préparatoire partiel (la Vierge) qui, lui, est signé. Nous sommes passés par la société des amis du musée que préside Vincent Foucart, frère de Jacques.
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Le 11 juin suivant, dans la vente Tajan opportunément placée le soir, nous avions repéré un tableau de qualité musée, ricordo du may de Notre-Dame peint par Arnould de Vuez en 1692. Cet artiste du Nord, né à Saint-Omer en 1644 et mort à Lille en 1720, est un des grands peintres d’histoire de la fin du règne de Louis XIV. Le musée de Saint-Omer lui a consacré une exposition en 2021 et conserve un fonds important de ses œuvres. Il a donc été consulté au préalable ainsi que celui de Lille où Vuez a longtemps travaillé ; les deux nous ont laissé la place.
Les très grands formats des mays donnaient lieu à la création de deux ricordi pour les orfèvres donateurs ; ici on passe de 395 x 349 cm à 100 x 97, un format parfait pour un musée. Chacun de son côté avait remarqué le tableau : le mécène parce qu’il lui paraissait de bien meilleure qualité que le may conservé actuellement à Lyon, le conservateur parce que Vuez avait été l’élève de l’Amiénois Frère Luc et que la tradition des mays rappelait celle des puys d’Amiens. Le sujet choisi ici est l’Incrédulité de saint Thomas. Le style de Vuez a évolué dans sa carrière ; pour la seule période parisienne qui suit son retour d’Italie, il est passé de tonalités éclatantes (Allégorie de l’alliance de la France et la Bavière, au Louvre) à des toiles plus sombres. Parmi ces dernières, l’Incrédulité de saint Thomas se distingue par une mise en scène très étudiée. On a la chance de conserver au Louvre son dessin préparatoire, donné à La Hyre puis correctement réattribué par Pierre Rosenberg. Du dessin au tableau, la composition prend toute son ampleur avec une accentuation de la dramaturgie (le Christ invite clairement saint Thomas à mettre le doigt sur la plaie alors que sur le dessin il écarte les bras) ; et chaque protagoniste est l’objet d’un traitement spécifique, avec un accent particulier sur le personnage de saint Thomas aussi plein de confusion que le Christ est bienveillant, le dialogue entre eux est à lui seul fascinant. Il s’agit sans doute d’une des plus grandes réussites de Vuez dans le domaine de la peinture religieuse et par sa puissance d’évocation, on peut dire que ce tableau laisse loin derrière lui la composition que Rembrandt a peinte quelques décennies auparavant sur le même thème !