Dons pour Versailles
Fondation La Marck
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Themenbereich
Kultur und Vielfalt -
Schwerpunkt
Philanthropie , Kunst -
Status
Laufendes Projekt -
Region
Frankreich
Soutien à l'enrichissement des collections de Versailles
Deux encoignures pour l’appartement de Marie-Antoinette
Le 8 juin 2021, la maison Audap et Associés présentait deux encoignures de Martin Carlin, portant la marque désormais bien connue du garde-meuble privé de la reine, GRW, pour Grenier des Récollets à Versailles. Sur proposition de Laurent Salomé, directeur du musée de Versailles, la fondation a décidé de les offrir au Château.
La marqueterie de ces encoignures est en bois de rose et amarante, de ton très clair. Cette production est très éloignée du style que Martin Carlin a adopté pour ses fameux meubles à plaques de porcelaine que collectionneurs et musées se disputent, ou pour ses meubles en laque du Japon qui constituent le second volet de sa production de luxe. Plus simple et dépouillée, cette marqueterie s’apparente à celle de meubles conservés aux Etats-Unis, notamment une commode et un secrétaire de la Huntington Library à Pasadena.
Cette acquisition s’inscrit dans l’opération de restauration et de remeublement du deuxième étage de l’appartement de Marie-Antoinette au Château. Les encoignures ont été placées dans le petit boudoir de la reine.
Des modelli de Le Brun pour l’escalier des Ambassadeurs
En 2020, la fondation a eu l’occasion de s’associer à un achat marquant du musée de Versailles : des modelli de Le Brun pour l’escalier des Ambassadeurs. Il s’agit de deux peintures de Le Brun et son atelier, représentant Les différentes nations de l’Asie et Les différentes nations de l’Afrique, au format 66,5 x 55 cms.
L’escalier des Ambassadeurs, qui menait au grand appartement du Roi, a été construit à partir de 1671 par François d’Orbay sur des plans de son beau-père Louis Le Vau, récemment décédé. Il est connu pour les innovations de son agencement et la richesse de ses marbres. Il a été décoré de 1674 à 1679 par Le Brun, qui a conçu quatre loggias feintes, où on voit se presser contre une balustrade en trompe-l’œil les envoyés des quatre continents : Europe, Asie, Afrique et Amérique.
L’évidente qualité de ces deux peintures laisse à penser qu’il s’agit des modelli présentés au roi pour approbation. Versailles conserve déjà deux autres tableaux sur le même thème (Europe et Asie) mais d’une qualité moindre, qui sont donc plutôt des copies.
Il s’agit d’un témoignage unique du fabuleux décor de cet escalier mythique qui fut à son époque admiré dans toute l’Europe et a été au cours des siècles l’objet de nombreuses répliques. On doit à Mesdames sa disparition. C’est en effet pour loger ses filles que Louis XV le fit démolir en 1752.
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin
Deux biscuits de Sèvres pour l'appartement du roi
Le 7 novembre 2017, suite à un appel de dernière minute des conservateurs, la fondation La Marck a accepté de financer l'acquisition de deux biscuits de Sèvres représentant des vestales, première grandeur, sur des modèles sculptés par Boizot.
Il s'agit d'un tirage réalisé vers 1787 à très petit nombre (autour de trois paires). Ces vestales sont moins rares en deuxième grandeur. On sait que sur ces trois paires, une a été commandée personnellement par Louis XVI. Le roi aimait disposer des groupes en biscuit dans les pièces de son appartement intérieur.
Les deux vestales ont rejoint le salon des jeux, où elles ont été placées sur la cheminée, après soclage. Elles ont été présentées au comité de la fondation lors d'une cérémonie le 29 janvier 2018.
Le portrait de la comtesse d'Artois par Drouais
Le 15 novembre 1773, Charles-Philippe, comte d'Artois, épousait Marie-Thérèse de Savoie, fille de Victor-Amédée III, roi de Sardaigne, et sœur de l'épouse du comte de Provence. Peu après le mariage, François-Hubert Drouais était chargé de réaliser le portrait officiel de Marie-Thérèse, jeune princesse un peu triste. Ce portrait est perdu, mais une réplique autographe en avait été réalisée à l'intention du comte de Viry, ambassadeur extraordinaire du royaume de Piémont-Sardaigne, qui avait négocié le mariage.
Le tableau est passé des Viry dans la collection des ducs de Mortemart au château du Réveillon. Le 11 février 2015, l'ensemble du mobilier du château était vendu par Sotheby's. Versailles a alors préempté ce portrait et la fondation La Marck a financé l'opération. En 2016, il a été accroché dans le salon de l'appartement du capitaine des gardes, donnant dans la cour de marbre juste sous l'appartement du roi. Il retrouvait tous les portraits de la famille royale qui y étaient déjà, dont plusieurs Drouais. On notera au passage le lien entre cet appartement et le Grand-Duché : parmi les quatre capitaines des gardes de l'époque de Louis XVI, figurait le prince de Tingry, un Montmorency-Luxembourg...
Le comte d'Artois et sa femme ont eu quatre enfants, dont deux morts jeunes, mais la timidité naturelle de la comtesse l'a desservie et son mari s'en est vite détourné. Elle n'a jamais mis les pieds à Bagatelle, cette folie construite en moins de trois mois par Artois en 1777, au terme d'un pari avec sa belle-sœur, Marie-Antoinette. On y trouvait plus souvent ses maîtresses, dont la fameuse Rosalie Duthé, dite le passage des princes. D'où le bon mot qui circulait à Versailles : « Il prend du thé pour faire passer son gâteau de Savoie » ! La princesse, séparée de son mari sous la Révolution, est morte encore jeune à Gratz en 1805.
Un modello de Nicolas Adam pour la chapelle royale
Jacob Sigisbert Adam, sculpteur né à Nancy en 1670 et monté à Paris, a eu trois fils : Lambert Sigisbert, Nicolas Sébastien et François Gaspard, qui ont tous embrassé le même métier que leur père. Il a eu aussi une fille, épouse d'un autre sculpteur, Thomas Michel, et mère du célèbre Clodion, dont il est inutile de préciser le métier !
C'est Nicolas (1705-1779) qui nous intéresse. Après un long séjour à Rome au cours duquel il s'exerce en restaurant des marbres antiques, il rentre à Paris en 1734 et, dès son arrivée, il reçoit une commande significative : le duc d'Antin, fils légitime de madame de Montespan et directeur des Bâtiments du Roi, veut terminer le décor de la chapelle royale de Versailles et choisit pour les autels des chapelles latérales dix jeunes sculpteurs, parmi lesquels Bouchardon, Ladatte, Guillaume II Coustou, les frères Slodtz et les frères Adam (Lambert et Nicolas). Les mêmes frères Adam recevront par la suite une autre belle commande : le groupe de Neptune et Amphitrite du bassin de Neptune, pour lequel Nicolas assistera son aîné.
Pour la chapelle royale par contre, ils travaillent séparément : à Lambert, la chapelle Sainte-Adélaïde, et à Nicolas, la chapelle Sainte-Victoire, en référence à madame Adélaïde et madame Victoire, deux des filles de Louis XV, car toutes ces chapelles sont dédiées à des saints patrons de la famille royale. On peut suivre avec précision le déroulement des opérations : le modello en plâtre teinté couleur bronze du Martyre de sainte Victoire est présenté au salon de 1737, il fait 53 x 81. En 1740, Nicolas Adam travaille sur le modèle de cire de la version définitive, qui mesure 76 x 137 et, une fois le bronze coulé, il le présente au salon de 1743 ; il sera mis en place en 1747. De l'avis de tous les spécialistes, dont Alexandre Maral qui a préempté le modello passé chez Sotheby's en juin 2017, les reliefs des frères Adam sont parmi les plus beaux de ceux livrés à l'occasion de cette commande des Bâtiments du Roi. Leur composition reflète l'influence du baroque italien avec un foisonnement de détails qui accentue la dramaturgie de l'ensemble.
C'est donc le modello en plâtre teinté qui a été offert par la fondation La Marck au musée de Versailles. Il existe dans l'église Saint-Louis de Fontainebleau une autre version en terre cuite de plus petit format (34 x 60), un peu fruste et qui pourrait être une première esquisse, ou bozzetto. Les trois versions diffèrent sur des détails et permettent de suivre l'évolution du projet. C'est tout le processus de création, avec les hésitations, les tâtonnements de l'artiste, qui nous est ainsi révélé et que l'on peut suivre avec fascination. Prenons le couple victime - bourreau : dans la terre cuite, le bourreau donne un coup de pied à la sainte, qui est bien vivante, une forme de torture peu orthodoxe et qui le place dans une situation de déséquilibre. Sur le modello, la sainte est morte, une épée enfoncée dans le flanc presque jusqu'à la garde, et le bourreau la soutient tout en retirant ses cordes ; l'artiste conservera cette disposition pour le bronze. Un détail des plus audacieux figure dans l'angle supérieur gauche des deux premières versions : une jambe nue allongée, qui, avec un aigle aux ailes déployées, est censée évoquer Jupiter ! En effet, c'est un prêtre de Jupiter qui a fourni le bourreau au païen auquel Victoire refusait de se donner. Ce prêtre, grimaçant et menaçant, est présent sur la droite de la composition, le bras tendu vers Jupiter. Dans la version finale, l'artiste choisit plus sagement d'évoquer ce dernier en montrant le bas de sa toge et ses deux pieds, toujours avec l'aigle à ses côtés. Notre modello est par ailleurs cadré différemment : il est moins large que le bronze, de sorte qu'à droite on ne voit qu'une faible partie de la tour et à gauche le joueur de cor est presque caché. Néanmoins, l'œuvre est si brillante et si vibrante que l'on peut la préférer au bronze... Bien que s'exprimant dans le cadre contraint d'un bas-relief, Nicolas Adam réussit à en repousser les limites en réalisant là un morceau de haute virtuosité. A la même époque, il en conçoit un autre, son morceau de réception à l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui ne sera réalisé en marbre qu'en 1762, il s'agit du Prométhée enchaîné, œuvre étourdissante qui trône désormais au Louvre.
Il faut encore souligner que ce modello n'était pas connu jusqu'à la vente de Sotheby's et qu'on n'en connaît aucun pour les autres reliefs de la chapelle royale. Il va rejoindre une salle du musée consacrée à des souvenirs de cette chapelle et qui en est toute proche. Si le rapprochement avec le bronze est passionnant, ses qualités intrinsèques en font une œuvre d'art à part entière, qui, selon Alexandre Maral, était destinée à suivre sa vie propre. C'est sans doute pour cette raison que l'artiste a choisi de rééquilibrer le relief en réduisant sa largeur, sa forme n'étant plus contrainte par la présentation sur un autel.
Portrait de la comtesse d'Artois par Drouais